Les troupes Prussiennes arrivent de Vaux-les-Mourons (Ardennes), pour découvrir la Champagne dite "Pouilleuse", de "fâcheux renom" (dixit Gœthe) et découvre la craie qui servira à nettoyer les uniformes des soldats.
C'est de Massiges jusqu'à Rouvroy-Ripont que s'étale le campement des troupes Prussiennes, un emplacement stratégique qui fera l'objet de nombreux assauts lors de la grand guerre 1914 - 1918.
A visiter à proximité :
- L'écomusée de la main de Massiges
- Les Tranchées de la main de Massiges
Le secteur de Rouvroy-Ripont fut désigné pour accueillir le parc des équipages et comme point arrière de l'approvisionnement des troupes situées plus au Sud vers Somme Tourbe.
La retraite : Suivant le Duc de WEIMAR, vers minuit, dans l'ordre et le silence, la petite troupe se remit en marche. Des patrouilles signifiaient que tout danger n'était pas écarté à l'orée de la forêt d'ARGONNE, où toute tentative pouvait se déclarer.
Aussitôt ROUVROY dépassé, sur le matin, il y eût une halte et un campement provisoire installé pour prendre du repos. La nuit tombée GŒTHE fut attiré par une odeur de cochon grillé, qui le fit sortir de sa tente et s'approcher d'un feu où grillait un bon morceau de porc. Gœthe fut admis dans ce petit cercle, accepta un excellent morceau et un autre morceau de saucisse à emporter quand il remonta en selle. 2 heures après minuit le camp fut levé.
Arrivée dans la nuit d'une troupe escortant le Roi de Prusse, descendu dans une auberge et le duc de Brunswick y installa son quartier général devant la porte, sous tente, suffisamment vaste pour y mettre des tables et des feux. Cependant le duc logea au château de Hans, plus près des combats. Goethe arriva en retard et chercha de quoi consommer. Il tomba sur un petit groupe d'émigrés particulièrement ingénieux. Sur un tas de cendres, bien à plat, ils avaient planté des œufs raflés en cours de route. Ceux-ci côte-à-côte, étaient retirés au fur et à mesure pour être mangés à la coque. Un peu plus loin, dans une maison éloignée, ils trouvèrent des chasseurs assis à l'intérieur, se rassasiant. Goethe se joignit à eux et pensa à se munir de bouteilles de vin pour en distribuer.
Au retour entre LAVAL et WARGEMOULIN, à la nuit tombée, le Roi de Prusse s'arrêtant un instant auprès d'un pont, il embrassa d'un coup d'oeil la situation, comme pour se recueillir, puis continua son chemin. Peu après ce fut au tour du Duc de Brunswick, empruntant le même chemin, de faire une halte
20 septembre 1792
GŒTHE se retrouva vers un point avancé nommé "LA LUNE " d'où il pouvait voir la chaussée de la route de Paris et sur la colline proche le MOULIN DE VALMY.
En se rapprochant avec ses quelques compagnons, ils se retrouvèrent sous une pluie de boulets, qui heureusement tombaient dans la boue, éclaboussant sans blesser personne près d'eux. La canonnade étant extrêmement violente il se souvint de «la fièvre du canon - bruit composé du bourdonnement de la toupie, du clapotage de l'eau et du sifflement de l'oiseau ".
Avançant seul sur son cheval, GŒTHE semblait mépriser le danger, au bastion de La Lune.
Quand celle-ci s'arrêta, le silence qui suivit, les troupes revenant sur leur pas, donna l'étrange impression qu'il ne s’était rien passé, cependant la plus grande consternation se répandit aussitôt.
Valmy et sa bataille éponyme, fut l'aboutissement d'une guerre contre la MONARCHIE, et pour la RÉPUBLIQUE, menée par le peuple français, spontanément dressé contre l'armée prussienne, l'envahisseur démystifié et, pour les valeurs de la République que défendait l'armée révolutionnaire.
Le Moulin de Valmy symbole de la Liberté – telle la victoire de Samothrace. Plusieurs fois abattu mais toujours relevé.
La citation de Goethe sur la colonne de Kellermann "De ce jour et de ce lieu date une nouvelle ère de l'histoire du monde", annonciateur de la future construction de l'Europe et de la Victoire de la démocratie.
A visiter à proximité : le centre historique VALMY 1792
21 septembre 1792
Un village de Champagne inscrit dans l'Histoire.
Petite commune de la Marne, rattachée à la grande Histoire. En septembre 1792 le château sera le quartier général du roi de PRUSSE Frédéric-Guillaume II et du Duc de Brunswick. C'est dans un petit salon du château de Hans que fut signée l'armistice , entre DANTON – représentant l'État Français et le général DUMOURIEZ, général en chef de l'armée révolutionnaire et , le roi de Prusse et le Duc de BRUNSWICK, général en chef de l'armée prussienne.
L'origine du château remonte au moyen-âge et a toujours appartenu à la même famille. Le salon qui nous concerne se situe dans une aile du château, petit il ne peut recevoir du public et les propriétaires souhaitent garder l'anonymat .
GOETHE se contenta de bivouaquer avec les soldats dans les jardins du château. L'église proche est intéressante autant dans sa construction que pour les œuvres à l'intérieur, particulièrement une série de vitraux rappelant la bataille de Valmy et la 1ère guerre mondiale.
En route pour Paris ! En quittant GRANDPRÉ, ils campèrent à VAUX-LES-MOURONS.
sur le parcours des vignes dont le raisin n'arrivait pas à mûrir en raison de conditions météorologiques particulièrement désastreuses.
Ils pénètrent en CHAMPAGNE, de "fâcheux renom" (dixit Gœthe), mais qui, pour lui, n'avait pas si mauvaise apparence. Des villages, des vignes et des champs bien tenus, qui en temps ordinaire devaient être agréables, espérant pouvoir se reposer en arrivant vers REIMS et CHÂLONS.
PANNEAU 8 : Rappel d'une des qualités principales de GŒTHE, son regard de poète et de peintre et son goût pour la nature, la sérénité. Son Évocation de VAN DE MEULEN, peintre panoramique de LOUIS XIV.
La Retraite : Après VAUX, suivant les bordures de l'AISNE, ils se retrouvent près de Termes entre 2 ponts de l'AIRE et GŒTHE vit le Roi de PRUSSE s'arrêter quelques temps devant le pont comme pour se recueillir, pour continuer, sur l'autre rive. Le Duc de BRUNSWICK, vers le second pont eût la même attitude de recueillement !
Au long de leur marche le prince LOUIS tentait de soulager les malheureux malades et de les secourir quelque peu avec son camérier et son cuisinier.
PANNEAU D : Émouvante attitude du Roi de PRUSSE et du Duc de BRUNSWICK, avant de franchir les deux ponts sur l'Aisne. Recueillement et méditation sans doute.
Le Prince Louis Ferdinand rempli de commisération envers les soldats malades et blessés.
En Route pour Paris - Les troupes du général Dumouriez ferme totalement l'accès à Grandpré et à ce défilé d'une importance stratégique majeur. Dumouriez installera son poste de commandement au Château de Grandpré avant de le céder plus tard au Duc de Brunswick qui en fera à son tour son PC puis un hôpital après la défaite de Valmy.
La Retraite - Arrivée à GRANDPRÉ le 3 octobre, sur un même fond, changement de décor – Le Château transformé en hôpital avec des centaines de malheureux, dépourvus de tout, qu'on ne pouvait pas guérir, ni soulager. L'horreur de devoir passer et les abandonner, contraste saisissant avec le premier passage. Forte pluie empêchant d'avancer correctement, route de plus en plus impraticable. GRANDPRÉ se présentait comme "un théâtre de peste et de mort" (dixit GOETHE). Celui-ci chagrin n'arriva pas le soir à réconforter son entourage, comme il aimait à le faire par ses badinages.
PANNEAU E : GRANDPRÉ transformé en grand théâtre de peste et de mort. Saisissant contraste d'avec leur premier passage à l'aller.
L'armée Prussienne se déplace sous une pluie continue jusqu'à LANDRES pour y établir un campement. GŒTHE s'y rendit à cheval avec quelques compagnons. Sans table, ni chaise, ni banc, ils mangèrent debout ou appuyés. Ils s'établirent non loin de LANDRES, en face de GRANDPRÉ.
Pluie et bourrasques incessantes rendirent ce camp bourbeux et insupportable.
Plus tard il fut appelé "LE CAMP DE LA CROTTE".
La situation de DUMOURIEZ à GRANDPRÉ était forte et favorable devant 2 cols importants «La Croix-aux-Bois» et «Le Chêne Populeux», considérés comme impraticables, ceux-ci se situant à l'entrée de la Forêt d' ARGONNE. Les autrichiens tentèrent, en vain, de l'assaillir, à la première attaque le jeune Prince De LIGNE fut tué.
C'est là que le Général DUMOURIEZ compara ce défilé forestier au combat des THERMOPYLES (en 480av.jc.) que Jules CÉSAR évoque dans sa "Guerre des Gaules".
PANNEAU7 : Rappel d'une météo exécrable. "Le Camp de la Crotte" à LANDRES. La témérité d'un prince royal rendant GŒTHE conciliateur pour éviter une bataille
La Forêt d'ARGONNE – THERMOPYLES - devenue une frontière naturelle par sa densité permettant d'être le refuge de brigands et seulement des forestiers s'y aventuraient car connaissant le terrain ! Arrêt stratégique nécessaire avant de s'aventurer
Le gros des troupes Prussiennes arrive à Buzancy et le campement s'étale sur les hauteurs de Buzancy jusqu'à Sivry-les-Buzancy.
Pour franchir la Meuse, une grande partie des troupes plongera vers DUN sur Meuse et l'autre plus au Sud en direction de Consenvoye.
A voir :
En allant vers BUZANCY, es soldats y trouvèrent des potagers où de beaux légumes poussaient en abondance. GŒTHE fut contrarié de les voir piétiner par les hommes, alors que ceux-ci pouvaient les nourrir. Il rappela aussi la particularité de la construction en retrait, montrant en façade des espaces de verdure, empêchant de rentrer directement dans les maisons. Ces espaces qui existent toujours dans les campagnes argonnaise et lorraine, s'appellent des "USOIRS", on y mettait aussi du fumier ou des instruments aratoires.
Il fut décidé de se reposer à SIVRY-les-BUZANCY.
Avec un petit groupe, GŒTHE s'avança vers une maison campagnarde. Traversant l'usoir ils furent reçus par une famille accueillante dont l'intérieur, qu'il décrit minutieusement, laissait pressentir un certain confort. Il lui fut proposé comme siège, le coffre à sel – place privilégiée offerte aux hôtes de marque – près de la cheminée. C'est de là que notre écrivain assista avec beaucoup d'attention, à la confection "Du Pot-au-Feu" – plat reconnu comme plat traditionnel français, ainsi que sa façon d'être servi, très protocolaire. Invités à la table ils se rassasièrent agréablement et copieusement. Gœthe interrogea ces gens sur leur situation essayant de les rassurer sur le retour des soldats, ceux-ci craignant d'être ruinés. Il leur donna quelques conseils pour la conduite à tenir avec les "trainards"...
L'orage et la pluie redoublaient de violence empêchant de reprendre la route. Ils restèrent au chaud, près de la cheminée, GŒTHE continuant d'observer le déroulement de la vie quotidienne dans cette demeure. Il y remarqua des scènes de famille chaleureuse et de bonne tenue, particulièrement les jeunes enfants.
13 septembre 1792
Installé à Landres et Saint Georges, des coups de feux retentir en provenance d'Imécourt. Une petite troupe s'empressa de se rendre sur place et Goethe insista pour rejoindre ce groupe de reconnaissance.
Proche du village d'IMÉCOURT une rencontre avec des chasseurs tirant des balles vers nous, entraîna le Prince LOUIS-FERDINAND à s'aventurer imprudemment n'écoutant pas son officier, et ce fut GŒTHE qui servit de médiateur et ramena le calme en faisant faire demi-tour au prince. «On voit par là qu'un médiateur est partout bienvenu» dira l'écrivain.